Sans doute, le plus ancien chien d’arrêt de France, notre épagneul français serait déjà présent au Moyen Age. Gaston Phébus, comte de Foix, cite un chien au fouet en épis, suivant son maître au milieu de la foule. Pour lui, ce chien se nommerait « espaignol » parce que sa nature viendrait d’Espagne, malgré qu’il en existe dans d’autres pays. Cette thèse espagnole est contestable. En effet, les chiens d’arrêt espagnols que nous connaissons sont tous actuellement des braques à poils courts. En tout cas, le Moyen Age a vu arriver les chiens d’oysel (oiseau), certains ressemblants à nos épagneuls nains de compagnie, servant à débusquer le petit gibier, notamment pour les fauconniers, d’autres bâtis plus long, tels nos épagneuls servant à marquer le gibier, pour l’enfermer dans un filet. Le nom de ces filets « rets » permit de nommer sans doute des chiens de rets, puis des chiens d’arrêt. C’est ainsi que nos chiens ont traversé les âges.
La Renaissance verra arriver nos chiens dans un type allégé avec diverses robes qui laissent penser que ces chiens ont sans doute contribués à créer d’autres races. L’Empire définira alors les différentes races dans un souci de classification. C’est sans doute de là que viendra cette robe marron et blanche si caractéristique. Au 19ème siècle, l’arrivée des chasseurs britanniques et de leurs chiens, puis vers 1850 la création de l’épagneul breton, a provoqué le déclin des races françaises. James de Coninck, cynophile normand, appelé à leur chevet en 1886, rédigera notre premier standard en 1891. Après la première guerre mondiale (1914-1918), l’abbé Fournier, dans son chenil de Saint Hilaire La Treille en Limousin, dû reconstruire la race quasiment disparue avec les quelques sujets qu’il avait sous la main. Soucieux du devenir de notre chien, il crée le Club de l’Epagneul Français en 1921. Depuis, l’institution a défendu nos chiens et les a préservés. Sans le Club, il n’y aurait pas d’épagneuls français aujourd’hui.
Ainsi notre épagneul a traversé les âges, fabriqué pour et par les chasseurs. Il conviendra pour son bien-être de faire avec lui la passion qu’il aime le plus, chasser pour son maître. Aucune promenade ou aucun terrain clôturé ne remplacera, pour lui, cette activité. Même si le soir sa place est dans votre salle à manger. Plus qu’un chien, il est un héritage, un pan de patrimoine à respecter.
L’épagneul français est un grand chien costaud. Son harmonie naturelle dans sa robe marron et blanche lui donne de la prestance. Seigneur de nos terres de France, il a un œil que l’on préfère sombre, hautain et doux qui ne veut pas nous perdre. Frangé de longues oreilles marrons attachées en arrière sur la ligne d’œil et de soies derrière ses pattes, la douceur de son pelage n’a d’égal que celle de son caractère pour sa famille. Vieux sentimental, il nous aime dans sa courtoisie naturelle.
Sur le terrain sa quête est plutôt ample, souvent au galop soutenu. Bien sûr, il est un peu moins rapide que ses cousins bretons ou britanniques, mais c’est un chien sûr et de très long de nez. Il a parfois tendance à vouloir un peu trop pister dans sa quête. Il faudra juste un peu le relancer à l’entraînement et il oubliera ce défaut. Ses arrêts sont debout et dominateurs, le chien remonte son émanation jusqu’au gibier. Par contre, il n’a jamais la tension d’un pointer; il bloque sans nervosité apparente… C’est donc un chien qui ne ment pas. Ses envies de pistage lui sont par contre bien utiles au rapport où il ne perd pas grand-chose. Tous les terrains peuvent lui convenir, au moins en France, car ni de Bretagne, ni d’Auvergne, ni du Bourbonnais, ni d’Ariège, ni de Picardie; en français il s’adapte à tout, unique et unitaire. Beaucoup de chasseurs aujourd’hui utilisent des britanniques par mode, sans savoir correctement les utiliser. Ils poursuivent leurs chiens, au lieu d’en être accompagné et pourtant nos français existent…
Toutes ces qualités de beauté et de caractère, nous devons les garder indissociables, loin des dérives. Pour que du jeune chasseur qui veut apprendre au vieux nemrod qui connaît ses remises, l’on vienne donc chercher un épagneul français en adhérant, bien sûr, au club qui le défend.
Le Président Eric Thouy