Nationale d'Elevage 2015 du CEF (3)

Maîtres et disciples, les funambules de l'affection (Georges Steiner)

                                                   Maîtres et disciples

                                          Les funambules de l'affection


Selon George Steiner, être maître suppose de nombreux privilèges : celui de réveiller chez autrui des pouvoirs et des rêves qui dépassent les siens, lui transmettre l'amour de ce que l'on aime, faire de son présent intérieur son avenir. La relation entre "maîtres et disciples" se présente comme une épreuve dont l'enjeu, pour les deux partis, est la construction d'un "soi meilleur". Essentiellement ressentie comme une relation intergénérationnelle, elle embrasse une gamme variée de sentiments et d'états traduisant l'évolution du disciple jusqu'à l'achèvement de sa formation et sa séparation d'avec son maître. Respect, admiration, vénération, mais aussi doute, contestation, rejet, trahison : autant de variations sur la notion d'imitation qui fonde cette relation spécifique. Dépositaire d'un savoir, d'une expérience, voire d'une sagesse, le maître, en effet, apparaît d'abord comme un modèle à imiter. Mais jusqu'à quel point ? Comme le maître doit se préparer à la dissidence de son disciple, le disciple doit se préparer à se retrouver seul, prêt à prendre le relais auprès des générations à venir .

Georges Steiner

Lundi 28 Décembre 2015